mardi, 9 février 2021
#Itineraires
ITINERAIRES # 9 L’Ambition
Entretien avec Isabelle HVOSTOFF, en retraite active et membre de SNC (Solidarités Nouvelles face au Chômage), ancienne gérante de 4E - entreprise du BTP- co-fondatrice d’Evolutique – entreprise de développement informatique - et co-fondatrice de Claude Bonnet- Bureau d’études MDE/HQE.
1. Qu’est-ce que l’ambition pour vous et quelle serait votre définition en tant que manager ?
Si l’ambition est le désir ardent de parvenir à faire quelque chose, ma définition personnelle est de réussir à mettre en œuvre dans l’entreprise les valeurs qui m’animent. Celle-ci ne sont pas classiques, je l’admets ! Davantage que la croissance, c’est la quête de l’équilibre devant servir le bien-être des salariés qui a du sens pour moi. Dit autrement, mon désir ardent est que l’équipe trouve sa place, soit heureuse d’y être et atteigne un objectif équilibré. Cela rejoint la question cruciale de la bonne place de chacun dans une organisation, la question de l’équité et du salaire juste, la question de l’adhésion avec l’objectif partagé. Mon ambition est de réussir ce défi !
2. Pourquoi cette ambition vous semble nécessaire ?
Plus que nécessaire, elle me semble vitale, elle est l’idée directrice qui porte l’équipe. Quand on a une vision managériale, on peut embarquer du personnel et avoir la volonté de faire avancer la structure sur l’objet qu’elle porte. La réussite de l’entreprise est portée par chacun, il me semble important de se retrouver sur la volonté de réussir ensemble.
Il est certain que des salariés ont pour unique motivation le salaire qui « tombe » à la fin du mois. La nécessité de l’ambition pour le manager permet au moins de trouver la place de chacun au sein de l’entreprise en vue de la meilleure réussite collective.
3. Comment peut-on déployer cette ambition dans le concret du quotidien quand on est manager ?
En premier lieu, par une implication personnelle importante. Ce ne sont pas seulement des procédures que l’on applique, et dès lors qu’il faut intégrer le « facteur humain », c’est une approche complexe. Si je reprends l’ambition telle que je l’ai décrite plus haut, il faut dans le quotidien accompagner des personnes et trouver les leviers qui les feront adhérer à l’objectif commun.
Dans le quotidien managérial, l’expérience m’a montré que le recrutement doit être un point d’attention extrême. J’ai également beaucoup usé des entretiens, annuels ou professionnels. Bien utilisés, ce sont des outils très intéressants, qui permettent notamment d’objectiver vers le poste de travail plutôt que la personne. Quand il y a des points d’amélioration que l’on souhaite obtenir, c’est un atout de passer par ces outils, et il participe au bien-être des salariés qui se sentent reconnus dans leur travail.
L’ambition peut aussi se transmettre par des temps ludiques, tout simplement pour que les gens soient bien.
4. Y a-t-il une anecdote dans votre parcours liée à votre ambition d’entreprise ?
Lors d’un séminaire avec la fédération du Bâtiment, j’avais assisté à une présentation sur les entretiens annuels. La fédération du Bâtiment et le MEDEF avait commencé à déployer cette pratique, et j’ai été convaincu par cet outil en écoutant la conférencière. En discutant en aparté avec elle, j’ai approfondi ma compréhension du concept. Il créait une passerelle entre plusieurs mondes : social, intellectuel, opérationnel, etc. Cela servait mon ambition de faire ces passerelles, mais dans les années 90 dans le monde du BTP, nous étions à des années lumières de ces pratiques.
Mon associé était contre la mise en place de ces entretiens, mais à mon grand étonnement, l’encadrement se révéla favorable. Les chefs d’équipe étaient contents de sentir qu’on portait un intérêt à leur travail et qu’on allait leur fournir un outil de gestion du personnel.
J’ai fait preuve de beaucoup d’opiniâtreté pour mettre en place ces entretiens. Cela m’a permis de connaitre tout un chacun, d’être connue et de diffuser « mon » ambition. Cela a servi l’entreprise aussi ! Je me souviens d’un collaborateur qui ne convenait dans aucune équipe et dont personne ne voulait. L’entretien a permis de reposer le cadre de la mission et de lui retrouver une place plus cohérente. Il s’est ensuite bien intégré dans l’équipe. Finalement, quelqu’un considéré par ses pairs comme un « poids lourd » a pu devenir en se servant de cet outil, un acteur à sa juste place. Cela fait réfléchir !
5. Et si vous deviez « illustrer » l’ambition ?
Je m’en remets à la peinture et je choisis « La danse » de Matisse. En sous-titre, j’ajouterai que l’ambition, c’est que les gens sachent danser ensemble et soient heureux de le faire ! Il se dégage une harmonie de ce bonheur, vous ne trouvez pas ?